Cet article est tiré d’une conférence réalisée par MDCU dans le cadre du Bordeaux Geek Festival de 2022.
S’il y a bien un personnage qui a énormément évolué ces dernières années, c’est bien Harley Quinn . Tout d’abord destiné à n’apparaître qu’au sein d’un seul épisode de la série animée Batman , le personnage est à présent considéré par certains comme étant le quatrième pilier de DC Comics aux côtés de Batman , Superman et Wonder Woman . Comment le personnage a-t-il pu avoir sa place au soleil en si peu de temps ? Nous allons voir que son succès est, finalement, parfaitement explicable et que ses multiples facettes y sont pour beaucoup.
Quinn, le personnage qui dépanne
Pour comprendre la plupart des traits de caractère qui ont été attribués à Harley Quinn, il faut remonter à sa création soit en 1992 avec Batman, la série animée. Paul Dini, le co-créateur et scénariste du dessin animé, a l’idée de créer le personnage après avoir vu l’actrice Arleen Sorkin déguisée en arlequin dans un épisode de la série Des jours et des vies. De là, non seulement il sait qu’il veut un personnage similaire à celui tenu par l’actrice aux côtés du Joker mais également qu’il veut Sorkin pour lui prêter sa voix. C’est également en se basant sur l’actrice qu’il va donner les premières caractéristiques du personnage avec, en tête, le côté “poupée blonde” mais également des racines juives (ndlr : concernant ce dernier point, l’actrice va d’ailleurs utiliser son propre accent de Brooklyn avec une pointe de yiddish). Pour ce qui est du nom du personnage, il n’est pas sans rappeler celui de l’actrice mais tout en présentant un jeu de mot : Harleen Quinzel, Harley Quinn, Harlequin, tout comme le costume qui renvoie à Arlequin, une figure italienne de la comedia del arte.
Autrement dit, Paul Dini s’est cassé la tête pour la création du personnage et pourtant, il n’était prévu que pour un seul épisode. D’ailleurs, à l’origine, il n’avait qu’un seul but : interagir avec le Joker . Entendez par là que notre amie Harley n’a aucun intérêt propre à cette époque, c’est sa dynamique avec le Joker qui lui donne de l’intérêt. Une dynamique un peu à la Laurel et Hardy ou encore Punch et Judy. Le rôle de Quinn est de faire des bêtises pour que le Joker la regarde de travers et la gronde. Pour résumer, Quinn n’est pas un personnage solo, c’est un personnage qui joue en équipe. Il n’a aucune forme d’indépendance du point de vue du scénario. On ne sait rien de ses origines, elle n’est pas indispensable au récit de l’épisode, elle n’a pas encore sa propre musique... Bref, c’est un personnage qui suit, qui subit. Et une fois n’est pas coutume, ce n’est pas parce que c’est une femme. Après tout, Catwoman et Poison Ivy et d’autres ont déjà eu leur propre épisode. Par contre, tout ceci ne veut pas dire que le personnage ne sera pas travaillé. Au final, à travers ce premier épisode, plusieurs caractéristiques propres à Quinn sont déjà bien présentes en plus de celles déjà évoquées à savoir la folie, une admiration démesurée pour le Joker et un caractère bien trempé.
La Harley Quinn que l’on connaît, le tournant “Mad Love”
Suite à cette première apparition, l’équipe de production est divisée. D’un côté, certains l’ont beaucoup apprécié et veulent le réutiliser pour en faire la petite amie du Joker . A l’inverse, d’autres membres de la production sont contre notamment Bruce Timm, co créateur de la série car selon lui, cela humaniserait le clown et sa romance ferait un peu barrage avec son combat contre Batman . Bien sûr, elle va quand même réapparaître et même gagner en importance. Ils vont la développer un peu plus par exemple en mettant en scène une amitié avec Poison Ivy puis en développant sa vie sans le Joker (ndlr : deux points qui sont à présent récurrents pour le personnage et ce depuis les comics de 2011).
Le point culminant du personnage est atteint dans l’épisode final de la série Les nouvelles aventures de Batman , Mad Love / Amour Fou, tiré du comics du même nom écrit par Dini et Timm en 93, dans lequel on a les origines de Quinn. Avec ce simple épisode, les scénaristes vont aller plus loin avec le personnage qui va avoir une tournure bien plus dramatique et surtout gagner en profondeur.Chaque trait de caractère qui avait été décrit jusque-là va être poussé à l’extrême pour en faire un personnage horriblement torturé. Elle était une femme normale qui est devenue folle ? Elle va devenir une psychiatre, donc une garante de la présence d’esprit, une personne qui connaît la folie, qui est supposée la maîtriser et qui va perdre la raison. Elle était juste admirative du Joker ? Elle va en devenir dépendante. Elle lui faisait les yeux doux ? Elle va être coincée dans un amour à sens unique. Elle était grondée lorsqu’elle faisait des bêtises en tant qu’homme de main ? Elle va clairement devenir une femme battue. Avec ces nouveaux traits de caractère, la popularité du personnage va exploser.
C’est dans cet épisode que l’on apprend qu’il s’agissait de la psychologue du Joker qui a finalement succombé sous son charme et qui, dès lors, va tout faire pour son “poussin” (pudding en VO) et notamment le faire évader d’Arkham et faire les 400 coups avec lui. Le final de l’épisode est extrêmement révélateur de la relation entre le Joker et elle. Pour rappel, le clown fait valser Quinn par la fenêtre parce qu’elle a monté un plan de son côté et qu’elle était à deux doigts de tuer Batman , ce qui rend le Joker fou de rage et de jalousie. Quinn, qui tombe de plusieurs étages, se retrouve à Arkham, terriblement amochée. Elle dit que c’est fini avec le Joker , qu’elle a compris la leçon mais retombe immédiatement amoureuse de ce dernier, lorsqu’elle reçoit un bouquet de fleurs de sa part accompagné d’un message de bon rétablissement. Cette scène finale représente parfaitement l’amour à sens unique des deux personnages mais aussi le fait qu’elle va se retrouver emprisonnée dans cette relation toxique. Au fil des épisodes, il y a donc bien plus de traits de caractères qui vont être développés. Tout comme, à l’inverse, d’autres vont disparaître…
Ce qui est intéressant à noter, c’est que le personnage a été apprécié, ce qui a poussé les producteurs, les créateurs de la série, à aller plus loin, à créer une histoire autour de Quinn, ce qui va en faire un personnage extrêmement populaire. Vous avez donc une sorte de boucle : le besoin initial, la création (visuelle plus qu’autre chose), la popularité, la véritable création (les origines du personnage, son développement), la popularité.
Quinn, la mémoire courte
Suite au succès du personnage dans l’animé, il est réutilisé dans les adaptations suivantes mais également dans les comics. Mais réutilisation ne rime pas forcément avec conservation. Ce n’est pas parce que vous reprenez le personnage que vous allez reprendre toutes ses caractéristiques. Au final, pas mal de ses caractéristiques premières vont finir par sauter au fil des aventures de Batman . Si les origines juives ne sont que très peu connues du grand public, ce n’est pas pour rien. C’est bien parce qu’il s’agit d’un point qui ne sera jamais réellement exploité. De même, son passé de gymnaste est de temps en temps évoqué pour expliquer pourquoi elle a des capacités au corps à corps mais on ne va pas aller plus loin. Enfin, son côté psychiatre ne sert vraiment que de prétexte pour la faire rencontrer le Joker . Une fois qu’elle est avec ce dernier, elle ne va jamais réellement utiliser ses connaissances pour étudier un autre personnage. Elle ne va jamais tenter d’étudier Batman pour le compte du Joker , par exemple. Pour voir ce trait du personnage utilisé, il faut se diriger vers les récits hors continuité. Dans Harleen, on voit une jeune psychiatre qui débute et commence à travailler à l’asile d’Arkham, avec comme objectif de travailler sur le cas du Joker pour essayer d’être celle qui réussira à le comprendre. Dans Joker/Harley : Criminal Sanity, on a carrément une Harley qui est profileuse et travaille avec la police de Gotham pour arrêter un nouveau serial killer en la personne du Joker . Deux titres qui ont eu un certain succès ce qui montre qu’en plus de l’aspect clown que l’on aime tous chez le personnage, il y a aussi un vrai intérêt pour une approche plus proche et réaliste. On peut donc espérer que cette facette soit un peu plus développée à l’avenir. Mais une fois encore, cette caractéristique reste liée à “son ancienne vie”. Ce n’est pas un point qui est utilisé une fois qu’elle est aux côtés du Joker , ce qui est assez logique d’ailleurs puisqu’une fois qu’elle devient vraiment Harley Quinn , elle est supposée avoir un certain degré de folie.
Finalement, les caractéristiques qui sont vraiment mises en avant au fil des ans sont : sa folie, son indépendance, sa dimension féministe, sa sexualité et l’acceptation de soi. Ce sont ces points qui représentent le mieux Harley Quinn et ce sont ces points que nous allons voir à présent.
Can I play with Madness ?
La folie de Quinn est sans doute le point omniprésent dans les différents médias. Ce n’est pas surprenant dans le sens où elle a été créée pour être aux côtés du Joker . Or, une personne saine d’esprit tenterait constamment de calmer les ardeurs du Joker ou, au moins, de ne pas se mettre en danger lorsque le clown met ses plans en marche. En termes de scénario, il n’y avait donc pas 36 solutions. Il fallait créer un personnage avec un certain degré de folie. Mais pour étudier la folie Quinn, il faudrait déjà savoir ce qu’est la folie. De manière générale, on s’accorde à dire qu’il s’agit d’une personne qui a une logique qui lui est propre, une logique qui n’est pas reconnue par l’ensemble de la société et qui dès lors, a un comportement qui est jugé comme étant différent, déraisonné par ses congénères. Après quelle action est jugée illogique ou non… là est toute la difficulté. De manière générale, et un peu comme Deadpool , l’utilisation et l’intérêt de la folie vont vraiment dépendre du talent des scénaristes. Dans la série animée Batman, cela marche du feu de Dieu car l’anime a déjà, de base, une grosse influence cartoon et tout ce que cela implique (un côté décalé, des exagérations etc). La folie a donc parfaitement sa place ici. A l’inverse, dans les jeux Arkham, la folie de Quinn est vraiment mise de côté, elle fait plus… bras armé / lieutenant du Joker . Ce n’était pourtant pas impossible non plus car la folie du Chapelier Fou est bien retranscrite. Dans le DC Universe, nous ne serons pas toujours face à de la folie non plus. Margot Robbie peut, parfois, faire des actions qui semblent tendre vers la folie mais la plupart du temps, on est surtout face à une certaine extravagance, ce qui n’est pas du tout la même chose. Niveau comics, c’est également un point souvent développé notamment à travers le comics Suicide Squad même si c’est également présent dans le comics éponyme. En 2013 avec Harley Quinn #0 il y a notamment tout un jeu avec le quatrième mur qui est brisé puisqu’elle s’imagine illustrée par des dessinateurs de comics, un peu à la façon de Deadpool,ou de She-Hulk sous John Byrne.
Voler de ses propres ailes
Dès la série animée Batman , Quinn va gagner en indépendance. On va commencer à lui dédier des épisodes entiers notamment un épisode dans lequel elle va tenter de se réinsérer dans la société. On va aussi la faire intervenir aux côtés d’autres personnages féminins avec, en tête, Poison Ivy. Un duo qui va être à l’origine de plusieurs épisodes mais également d’une série entière mise en place autour des personnages féminins et du girl power au sens large. Cette alliance avec Poison Ivy va être également le début d’une des relations les plus ambiguës de DC Comics. On va y revenir un peu plus tard. Concernant son indépendance, il s’agit d’une montée en grade logique suite à sa popularité croissante. Qu’un personnage secondaire soit mis au centre d’une histoire ou qu’il ait sa propre série parce qu’il est populaire, cela arrive. On peut même dire que c’est un peu l’une des bases de l’industrie du comics. Par contre, dès lors, il ne reste plus secondaire. Quand Nightwing a sa propre série, il n’est plus lié à Batman, il défend la veuve et l’orphelin à Bludhaven. Tim Drake, lorsqu’il a sa série Red Robin vers 2011, devient un justicier globe trotter indépendant qui cherche la preuve que Bruce Wayne est toujours vivant. Pour Harley, c’est pareil. Lui donner un titre, OK. Mais pas pour qu’elle se fasse insulter à longueur de page par le Joker . Il faut qu’elle soit plus forte, indépendante voire qu’elle ait son gang à elle. La prise de l’indépendance est donc à la fois logique et nécessaire. Son désintérêt croissant envers le Joker sera, du coup, rappelé très fréquemment. Et au final dans Harley Quinn #25, Palmiotti et Conner mettent en avant la réunion de Quinn et du Joker mais pour qu’elle puisse définitivement mettre fin à leur relation.
Harley Quinn, objet de désir
Ce n’est un secret pour personne, l’univers des super-héros est extrêmement sexualisé. Abdos et bras en acier pour les hommes, fesses rebondies et poitrine abondante pour les femmes font partie intégrante des codes de l’industrie du comics. Mais pour Quinn, cela reste un peu différent car malgré les apparences, le personnage a plus de caractéristiques d’ordre sexuel que la moyenne.
Commençons par le physique. Sans surprise, elle est l’archétype de la poupée blonde, tout simplement, avec le principe du “tout ce qu’il faut où il faut”. Ajoutez à cela les tenues sexy en veux-tu en voilà et vous avez un personnage qui a clairement pour vocation de plaire à la majorité des lecteurs/joueurs. Concernant les tenues, l’évolution est d’ailleurs flagrante. On passe du costume d’Arlequin, qui colle parfaitement à l’aspect comique et un peu “bouffon du Joker ” que porte le personnage, à un costume beaucoup plus sexy qui n’a plus rien à voir (si ce n’est au niveau des couleurs… un peu… parfois). Cela, on le doit notamment à la saga de jeu video Arkham, qui lui a donné un nouveau design, mais également une personnalité, beaucoup plus sexualisés et dont la popularité du jeu en a fait la nouvelle norme du personnage dans l’imaginaire collectif. A tel point que, pendant un bon moment, la norme aura été “plus le temps passe, moins il y a de tissu”. Une sexualisation qui aura encore été appuyée par l’interprétation et les tenues portées à l’écran par Margot Robbie . D’ailleurs, dans le deuxième film Suicide Squad, c’est également en utilisant ses charmes et ses atouts physiques qu’elle remplit sa mission puisque le général Silvio Luna tombe amoureux d’elle, et c’est grâce à cela qu’elle réussit à prendre le dessus sur lui.
Pour l’anecdote, on notera que dans une scène de Batman TAS, il y a un caméo de Paul Dini sous les traits d’un patient d’Arkham, qui est en extase devant le personnage, renforçant une fois encore l’idée selon laquelle Quinn est attirante.
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En dehors du physique, vous avez également l’attitude du personnage. Toujours dans le dessin animé Batman et plus précisément dans l’épisode Mad Love, Quinn fait clairement des avances sexuelles au Joker . Or, une fois encore, il s’agit d’un dessin animé. En dehors de cette scène, la sexualité des personnages n’est tout simplement jamais mise en avant. Nous savons que des personnages se trouvent attirants comme Catwoman et Batman , mais cela ne va pas aller beaucoup plus loin. Même Ivy, qui tient pourtant le rôle de la femme fatale dans l’univers de Batman , n’est “que” séduisante et n’entre jamais vraiment dans le jeu de la sexualité dans le dessin animé. Non, pour Quinn, nous sommes à un tout autre niveau. Nous la voyons grimper sur le bureau en petite tenue, le regard plein d’envie, et dire au Joker “alors mon Biquet , tu ne veux pas faire la révision de ta Harley vrooom vrooom”. Ici, on n’est plus dans le jeu du chat et de la souris auquel s’adonnent Catwoman et Batman . Cette fois, le message est on ne peut plus clair. Même l’éditeur Scott Peterson avait donné des directives à Bruce Timm lors du processus créatif de la scène pour être sûr que cela n’allait pas “trop loin”.
Autre exemple, dans le film animé Batman et Harley Quinn , elle parvient à arrêter Nightwing et à l’attacher au lit. Elle se change devant lui et remarque que Nightwing est… content de la voir. Les deux personnages finiront par avoir une relation sexuelle. Mieux encore, ce n’est pas le début d’une relation amoureuse mais bien Harley avait envie de Nightwing , tout simplement.
Tout cela pour dire que ce n’est pas le fan qui a une imagination débordante. DC Comics a rapidement mis en place des codes sans équivoque concernant la sexualité de Quinn.
Harley Quinn, symbole féministe
Autre caractéristique, très importante, la dimension féministe du personnage. Comment cette dimension est-elle apparue ? C’est tout simplement la suite logique du personnage. C’est la femme battue qui a repris sa vie en main et qui ne se laissera plus marcher sur les pieds. Une femme forte, fière et à qui on ne dira plus ce qu’il faudra faire. Ce dernier point, c’est-à-dire son côté “je fais ce que je veux” est sans doute le plus présent et donc, le plus important de la dimension féministe du personnage. Il y a une volonté d’être libre d’agir. Et pas libre d’agir dans le sens anarchiste qui ne suit pas les règles. Cela peut être libre d’agir en marge des normes de la société. Un exemple très parlant est à nouveau l’exemple de la scène de sexe avec Nightwing . Une fois passé à l’acte, Nightwing va rapidement être remis à sa place par Quinn qui lui dit des trucs du genre “oh c’est bon, on l’a fait une fois alors il faut qu’on s’appelle, qu’on se parle bla bla bla, j’en ai pas envie” bref, elle lui fait bien comprendre qu’il n’était qu’un coup d’un soir. Au-delà du rapport en lui-même, cette scène est également importante. Dans notre société, il est plutôt avéré que c’est l’homme qui aurait tendance à tenir ce genre de propos et donc, à montrer une sorte d’indépendance, de contrôle de la situation. Là, le fait que cela soit Quinn qui prend les devants est un message très fort. La relation Quinn/Ivy va également dans ce sens (tout du moins quand l’homosexualité est suffisamment mise en avant car DC Comics est du genre à y aller avec de grandes pincettes). Au-delà de l’homosexualité, il y a vraiment le message “pas besoin d’homme” qui transpire tout le long du run de Palmiotti et Conner. A ce sujet, les auteurs ont d’ailleurs déclaré qu’elles étaient bien en relation, des petites amies mais sans la jalousie liée à la monogamie. Vous l’aurez compris, il y a donc une grande liberté sexuelle mais également tout un combat contre le patriarcat.
Dans Injustice, elle a d’ailleurs enfin son propre gang, ce sont tous des hommes. Il y a donc, une fois encore, une inversion de la hiérarchie typique qui aurait tendance à placer un boss masculin au sommet de l’échelle.
Harley Quinn et l’acceptation de soi
De par son statut toujours un peu marge de la société et ses règles, et de par les valeurs d’indépendance et de féminisme qu’elle porte, Harley Quinn est en quelque sorte le symbole de l’acceptation de soi. Être qui est on est, sans en avoir honte, sans brider pour essayer de rentrer dans des cases. Être un arlequin, un peu folle et avoir une personnalité exubérante, ce n’est pas forcément dans les “normes” de la société, mais elle l’assume et le défend. Et c’est sans ce que les gens aiment chez elle, pour cette raison qu’ils s’identifient à elle.
Dans le comics Breaking Glass, qui est une revisite du personnage pour un public plus adolescent, elle fait notamment partie d’un cabaret avec des personnes marginalisées (trans, déguisements excentriques) et c’est là qu’elle se sent le mieux, qu’elle peut être elle-même. Il y a également un vrai message de tolérance et d’ouverture d’esprit, d’acceptation de la différence. On a vu de plus en plus de cosplay Harley Quinn au fil des années avec sa montée en popularité, parce que se déguiser en Harley, c’est s’assumer, se revendiquer. Elle porte ce vent de liberté et d’indépendance. Et c’est un message qui n’est pas genré, qui s’adresse à tout le monde peu importe le genre ou le sexe, et c’est justement son fondement : donner le courage d’être soi-même, peu importe qui on est. Bien sûr, le tournant bisexuel du personnage appuie encore plus ce message et le symbole qu’elle représente.
Harley Quinn aujourd’hui
En conclusion, nous pouvons souligner le fait que le personnage d’Harley Quinn a évolué avec son temps. C’est clairement le cas de tous les super-héros et oeuvres de fiction, mais c’est peut-être encore plus remarquable chez elle. Son émancipation est évidemment à mettre en parallèle de l’émancipation moderne des femmes au sens large. Mais on sent qu’elle est un vecteur privilégié, assez malléable, pour coller aux attentes du public. Il y a encore encore très peu de temps, les anti-héroïnes sexy marchaient du feu de Dieu et étaient sexualisées à outrance. Ce n’est plus suffisant aujourd’hui, cela devient mal vu. C’est donc sans surprise que l’on a amoindri cet aspect du personnage avant d’en faire l’une des portes paroles, de manière directe ou indirecte, des thématiques féministes et LGTB, plus modernes et acceptables. A ce sujet, on sent que le personnage peut encore grandement évoluer dans un avenir plus ou moins proche. Et bien malin celui ou celle qui saura dire ce qu’elle nous réserve pour les années à venir.